Comment pratiquer le style minimaliste?

Chers lectrices, chers lecteurs,

la pratique de la photographie est parfois frustrante. Nous faisons ce qu’il faut, repérons les lieux et des sujets, mais une fois sur place appareil en main rien ne va plus. Peut-être cherche-t-on à mettre trop de choses dans le cadre. Si on essayait d’en mettre moins?

  • Tentative de définition du style minimaliste
  • L’approche la plus évidente
  • Le minimalisme improbable

« Wall », par Unsplash (artiste présent sur le site pixabay.com)

Tentative de définition du style minimaliste

Le style minimaliste peut se définir par le fait d’incorporer peu voir quasiment aucun élément dans une photo. A moins de faire une photo monochrome il y a nécessairement quelque-chose dans le cadre, pour faire office de sujet. Par sujet on peut entendre plusieurs chose, une simple texture peut par exemple être le sujet de la photo. Pour prendre l’exemple de la photo de tête d’article, on peut considérer que le sujet est la texture de la paroi.

De nombreux photographes ont à un moment ou un autre produit des compositions minimalistes, nous aurons largement l’occasion d’y revenir au fil des articles de ce blog. Mettre peu de choses dans la composition est une bonne définition, mais artistiquement incomplète. Pour clarifier les choses, on peut dire que pour une composition standard on cherche à voir ce qu’on peut ajouter pour que la photo soit parfaite. Pour la photo minimaliste c’est l’inverse, on cherche à obtenir la composition à laquelle il est impossible de retirer des choses. Nous aurons l’occasion d’y revenir avec l’exemple d’une photo explicite de style minimaliste (celle du château d’eau, que nous avons déjà vu dans un article précédent).

L’approche la plus évidente

Pour illustrer le principe qui veut qu’une photo minimaliste est une composition à laquelle on ne peut rien retirer, voyons un exemple concret.

J’ai vu ce château d’eau isolé lors d’une sortie et j’ai décidé de m’arrêter au bord de la route pour prendre la photo. J’avais bien l’intention de faire une photo minimaliste, ce château isolé dans un champ me plaisait bien. J’ai commencé de façon paresseuse, en restant à côté de la voiture, en prenant le cliché que vous voyez ci-dessus. Pas entièrement satisfait, j’ai décidé de changer de point de vue pour épurer la composition (et radicaliser son intention artistique).

J’ai vaincu ma paresse, marché un peu dans le champ. J’ai éliminé les éléments suivants: les sapins, les herbes folles au deuxième plan, la motte de terre (on la voit à gauche des sapins sur la première photo).

Cette photo est une illustration de ce que nous disions, nous aboutissons à une image à laquelle on ne peut plus rien retirer. Elle est donc minimaliste. La première photo pouvait passer pour minimaliste, mais elle ne l’était pas complètement (le sapin, la motte et les herbes folles étaient de trop).

Le minimalisme se travaille aussi derrière l’écran, en optimisant le traitement de votre photo. Je propose une formation progressive au logiciel LUMINAR 4, c’est accessible à tous!

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Dans la pratique, si un sujet vous semble digne d’intérêt et si vous pensez que le traitement minimaliste est approprié, ne soyez pas flemmards comme je l’ai été en première intention avec mon château d’eau. Demandez-vous ce que vous pouvez retirer de votre composition, si il le faut déplacez-vous (ne vous contentez pas de changer de focale). Éliminez  des éléments jusqu’à ce que vous ne puissiez plus rien enlever sous peine de perdre le sujet. C’est à ce prix que vous obtiendrez une belle composition minimaliste.

Le minimalisme improbable

Le paysage n’a pas le monopole du minimalisme, loin de là. Nous avons vu en tête d’article l’exemple d’une texture de mur traitée de façon minimaliste. Il existe bien d’autres exemples. Parfois le minimalisme s’impose de lui-même.

Ci-dessus le cygne solitaire sur les eaux du lac… Un classique mais j’ai pas pu résister au cliché. Le minimalisme a été imposé par la scène, simplissime, du cygne solitaire. Pour accentuer l’effet de solitude du volatile, je l’ai placé au centre de l’image (un placement du sujet sur un point de force, intersection des tiers, donne en revanche un dynamisme qui peut diminuer l’effet de solitude sur le lac).

Voyons un autre exemple de photo animalière avec un des maîtres (le maître?) de la discipline, Vincent Munier.

Vincent Munier a participé à plusieurs excursions et a rapporté des séries de photos désormais célèbres de ses voyages aux pôles. La photo ci-dessus est minimaliste, un élément climatique voilant encore un peu plus le sujet. Un peu plus de brouillard et la photo aurait été blanche et vide (minimaliste ne veut pas dire vide!). Moins de brouillard et le chouette serait apparue simplement voilée.

Il faut parfois de la chance et Vincent Munier a eu ici la chance d’avoir la bonne quantité de brouillard pour délivrer cette superbe photo minimaliste. Le haut de la tête de la chouette dépasse de façon énigmatique et confère une ambiance unique à cette photo. Ajoutons (je sais pas si c’était l’intention) que le sujet étant placé à droite, cette image fait un très bon fond d’écran (les icônes étant généralement placés à gauche).

La photo minimaliste peut aussi s’envisager en photo de proximité, voir en macro. Dans ce cas c’est le genre qui dicte de style minimaliste. Un excellent exercice quand on débute la photo est de s’entraîner à prendre des photos de fleurs, par exemple. On peut apprécier des différentes manières de cadrer, palper l’effet de l’ouverture sur la profondeur de champ, apprécier la distance minimum de mise au point, etc… Le plus souvent on sera satisfait une fois un bouton isolé se détachant bien de l’arrière plan. Si le flou d’arrière plan est assez prononcé, il devient une simple couleur (verte le plus souvent) mettant en valeur de belle façon le bouton de rose sur lequel a été fait la mise au point.

En clair, le style d’une photo de proximité (improprement appelé « macro ») d’un bouton de rose est de facto une photo minimaliste! C’est ici le genre (proxy) qui a imposé le minimalisme, alors que dans d’autres cas (comme celui du cygne que nous avons vu), c’est le sujet qui a imposé l’approche minimaliste.

A vous de tourner autour de vos sujets, de chercher des focales adaptées, de jouer sur la profondeur de champ, pour éliminer tant que possible ce qui peut être éliminé de la photo. Le challenge du minimalisme est d’optimiser un sujet, en tirer toute la quintessence. Le sujet, rien que le sujet.

N’hésitez pas à vous abonner au blog, vous recevrez pour vous souhaiter la bienvenue un petit livre, « 10 principes pour donner de la force à vos photos », qui je l’espère vous aidera à renouveler votre pratique de l’image.

A bientôt et bonnes photos!

Julien

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