Chers lectrices, chers lecteurs,
après avoir vu la semaine dernière comment renforcer l’intention d’une photo, nous allons revenir aujourd’hui sur la notion de photo descriptive et de photo narrative. Nous allons prendre comme cas d’étude des photos prises lors d’un voyage en Israël en septembre 2002, qui permettront je l’espère d’illustrer mes propos.
- La photo descriptive, par choix et par contrainte
- La photo narrative par choix
- La photo narrative opportuniste
« Camera », par Pexels (artiste présent sur le site pixabay.com)
La photo descriptive, par choix et par contrainte
Nous avons vu dans l’article précédent que la « photo de touriste » n’était pas le mal. Faire quand nous en avons l’occasion une photo purement descriptive pour immortaliser un souvenir d’un lieu dans lequel nous ne remettrons sans doute plus jamais les pieds est un acte légitime. Il s’agit plus d’une captation de souvenir que d’une démarche artistique, cependant il ne faut pas mépriser ce type de prise de vue.
Le photo ci-dessus a été prise dans le quartier araméen de Jérusalem, c’est une tour faisant partie d’un plus vaste édifice communément appelé « Citadelle de Jérusalem » dont l’édification sous la dynastie hasmonéenne remonte au IIe siècle avant Jésus-Christ. La photo descriptive est ici un choix plus qu’une contrainte. Il y avait peu de personnes dans les rues lors de la visite, j’avais tout le temps pour composer la photo.
C’est vrai, j’aurai pu plus m’approcher, choisir par exemple un angle exagéré en contre-plongée pour donner un effet créatif à la photo. J’aurai pu faire plein de trucs pour éviter d’avoir ce rendu que certains peuvent trouver un peu… fade. Cependant je ne voulais pas ici une photo narrative, je ne voulais pas spécialement raconter une histoire ou que sais-je, je voulais simplement prendre une photo de cette tour. J’ai eu le temps de la réflexion, et l’approche classique m’a semblé être ici la meilleure approche.
Faire et assumer une photo descriptive comme nous venons de le voir est une approche. Parfois en revanche la photo descriptive est une contrainte.
La photo ci-dessus a été prise à proximité de la Mer Morte, à l’entrée du petit musée de Qumrân. Nous voyons en arrière plan les montagnes où ont été découverts au milieu du XXe siècle les fameux manuscrits de la Mer Morte. Une grotte est visible sur la photo. Contrairement à la photo de la citadelle de Jérusalem il s’agit ici d’une photo descriptive par contrainte pour plusieurs raisons que nous allons voir.
Une bonne solution pour travailler l’aspect narratif d’une image est de correctement la traiter. Je propose une formation progressive au logiciel LUMINAR 4, c’est accessible à tous!
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J’étais pressé et il y avait un timing à respecter pour visiter le musée, aussi je n’ai disposé de cette vue que très peu de temps. Pas de bol, c’était le pire moment de la journée, la très forte luminosité du ciel a généré une grande plage dynamique, c’est à dire que les montagnes (le sujet de la photo) étaient assez sombres et le ciel rayonnant de lumière. J’ai été obligé de palier ce problème en surexposant légèrement la photo, ce qui a permis de faire en sorte qu’on distingue bien les montagnes, mais en contrepartie a rendu un ciel complètement brûlé (je dois le peu de bleu visible dans le ciel à la virtuosité du labo photo où j’avais l’habitude de déposer mes pellicules).
Je n’ai pas pu faire le tour de la montagne à la recherche d’un meilleur point de vue… Toutes ces contraintes, associées au fait que je ne voulais pas rentrer bredouille de Qumrân, ont fait que j’ai été contraint de prendre une photo moyenne. Entendons nous bien, je ne regrette pas d’avoir pris cette photo, c’est la seule dont je dispose du site de Qumrân. Tout n’est pas à jeter, les palmiers font un peu office de cadre dans le cadre et offrent un bon équilibre visuel à la prise de vue.
Cependant le seul intérêt, si on veut rester honnête, est de dire « c’est ma photo à moi que j’ai faite, na! » En effet pour ce type de vue une bonne carte postale fait beaucoup mieux le job…
La photo narrative par choix
Ne pas être pressé et disposer d’un site quand on veut et à l’heure qu’on veut permet de faire des photos plus travaillées. On peut parler de photos narratives.
La photo ci-dessus a été prise à Tel Aviv, peu avant le départ. La plage était presque déserte, il me restait en stock quelques pellicules. J’ai pris le parti de rester un peu sur la plage pour essayer des choses et j’ai choisi de charger un film noir et blanc. J’ai vu venir d’assez loin un promeneur qui marchait le long de l’eau, j’ai eu le temps de préparer la photo et de la prendre comme je voulais. Cette photo aurait pu être prise n’importe où, le lieu importe peu ici.
Il s’agit d’une photo narrative. Certes des éléments sont visible comme la silhouette du promeneur et la mer, cependant il n’y a pas de volonté de montrer tel ou tel monument ou lieu. Comme je l’avais précisé dans l’article précédent, par « photo narrative » je n’entends pas photo intellectualisée à outrance (ce qui dans le cas présent aurait donné un truc du genre « alors… cette photo est une réflexion philosophique sur le fait que l’homme n’est qu’une ombre, confronté à l’immensité de la vie, immensité symbolisée ici par la mer, etc… »). Par narration je veux dire que l’approche, pour le spectateur du cliché, est plus libre. L’idée n’est pas de décrire un lieu tel qu’il est, l’idée est de se servir du lieu (et d’une personne dans le cas de cette photo) pour proposer une composition.
Dans une photo descriptive la photo est au service de ce qu’on veut montrer, dans une photo narrative le sujet est a service de la photo.
La photo narrative par opportunisme
Terminons ce petit tour en Palestine avec un retour en arrière au bord de la Mer Morte.
Cette photo a été prise au bord de la Mer Morte. Initialement je voulais simplement prendre un souvenir, il me fallait un cliché de la Mer Morte home made. J’ai profité d’un arrêt un peu long pour un peu parcourir le bord, quand je suis tombé sur une vieille embarcation rouillée.
Vous remarquerez que la barque n’est pas placée sur un point de force mais centrée, ce qui a pour effet de créer une sensation de vulnérabilité (style « pauvre barque rouillée et abandonnée »). Le sujet de la photo est-il la mer ou cette vielle barque? Les deux peut-être. Toujours est-il que dans ce cas de figure, par opportunisme, l’idée de faire une photo purement descriptive s’est transformée en une composition travaillée.
Nous pourrions parler des heures et des heures sur ces aspects de description et de narration. Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui, en espérant avoir donné quelques pistes intéressantes pour la composition de vos photos. Avant de vous quitter deux petites nouvelles:
La semaine prochaine nous allons commencer les podcasts! Il y aura chaque semaine deux publications, un article et un podcast. Pour le premier nous allons justement parler de l’importance du sujet en photographie. Faut-il nécessairement un sujet sur une photo? Peut-il y avoir plusieurs sujets sur une photo?
N’hésitez pas à vous abonner au blog, vous recevrez pour vous souhaiter la bienvenue un petit livre, « 10 principes pour donner de la force à vos photos », qui je l’espère vous aidera à renouveler votre pratique de l’image.
A bientôt et bonnes photos!
Julien
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